Mardi 25 avril 2023 : le cépage aligoté
La dernière séance de dégustation de la saison 2022/2023 du Cercle d’œnologie avait pour thème le cépage aligoté.
Même si ce dernier est présent dans plusieurs pays du monde, sa terre d’excellence est et reste la Bourgogne dont une AOC lui est consacrée exclusivement : Bouzeron. Certains vignerons passionnés – les Aligoteurs – l’ont remis en valeur ces dernières années, il était donc temps que le Cercle s’y intéresse pour lui consacrer une dégustation complète.
Lorsqu’il passe entre des mains expertes ce cépage, rustique aux premiers abords, procure un plaisir indéniable à la dégustation. Rusticité certaine face au réchauffement climatique, richesse aromatique, grande complexité et belle longueur en bouche et aptitude au vieillissement indiscutable sont autant de qualités qui ouvrent une voie royale à l’avenir de ce cépage dans l’environnement bourguignon de demain.
Trois vins sont sortis du lot lors de cette dégustation.
En troisième place le Bourgogne Aligoté 2018 de Dureuil-Janthial au nez de fleurs blanches, de tilleul, de pêche, de pierre à fusil avec une pointe de fumé ; belle minéralité, belle fraîcheur et beau gras en bouche, tout en finesse.
Deuxième place pour le Bourgogne Aligoté « la cuvée des saints de glace » 2016 du domaine Edmond Cornu à Ladoix : un nez de pierre à fusil, de silex, très minéral et un côté salin avec des notes de jasmin ; belle attaque en bouche, saline et iodée, quelques agrumes, très élégante et tout en finesse, guère de trace d’évolution.
Enfin en première place le Bouzeron 2019 du Domaine de Villaine qui fait la synthèse de tous les vins dégustés ce soir, magnifique expression du cépage aligoté, un nez iodé, beurré, de fleurs blanches, d’acacias, d’épices et de citron et une bouche fraîche et grasse, saline, de fruits exotiques, d’épices, de pêche blanche sur un merveilleux équilibre, grande longueur, bref magistral.
Les fonds de verre ont été accompagnés de six variétés de fromages de chèvre, une merveille sur l’aligoté !
Jean-Luc Lossignol
Mardi 28 mars 2023 : Vins de terroirs volcaniques
Nous avons arpenté l’Europe, du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est, à la recherche des terroirs volcaniques. De l’Anjou aux îles de Méditerranée et de l’Allemagne aux îles Canaries, des affleurements de spilite en Anjou Noir aux sols volcaniques de Sicile et de Santorin, de la roche volcanique recouverte de loess de Baden aux sols noirs de Lanzarote, du cépage Cabernet Franc au Carricante et à l’Assyrtiko, du pinot Noir au Listan blanco, nous avons tenté de discerner ici une minéralité commune ou là un arôme de soufre ou de cendre essayant de nous accrocher à une identité commune. Mais était-ce finalement cela la conclusion à tirer de cette dégustation ou plutôt celle d’une extraordinaire diversité de terroirs, de climats, de cépages et surtout, surtout, d’un enthousiasmant savoir-faire humain parvenant à élaborer des vins exceptionnels sur une terre à priori hostile.
Des neuf vins dégustés, quatre ont fait la course en tête, le troisième et le quatrième étant ex-aequo.
La cuvée Assyrtyko Wild Ferment du domaine Gaia sur l’île de Santorin a été classée première. A la dégustation on est frappé par la minéralité, la fraîcheur et le côté salin sur des arômes de citron, de tilleul et de tabac blond. Assurément les vins blancs de Santorin font partie de l’élite mondiale !
En second arrive la cuvée Vulkangestein Riesling Trocken 2020 du domaine Schäfer-Fröhlich en Nahe issue des parcelles Felsenberg et Stromberg aux pentes vertigineuses. Nous sommes sur des arômes minéraux, de pierre à fusil, des épices et des notes citronnées ; en bouche, après un léger perlant nullement problématique, nous sommes frappés par une belle acidité, une petite note florale et d’épices et surtout le citron. Somme toute une grande similitude avec le vin précédent. Voilà qui explique probablement leurs deux premières places.
Troisième et quatrième ex-aequo sur le podium viennent la cuvée Damaschito 2016 du domaine Grifalco en Aglianico del Vuture Superiore de la région de Basilicate et l’Etna Bianco 2019 du domaine Tenuta delle Terre Nere en Sicile. Deux vins italiens mais un rouge et un blanc. Un nez sur le tabac et les épices, très complexe, un peu animal et en bouche des fruits rouges, des épices, du poivre, des fruits secs sur des tanins très fins et un magnifique équilibre pour le premier. Des arômes floraux, de fleurs blanches, de tilleul, de fleurs d’oranger sur une bouche au parfait équilibre soutenue par une belle acidité minérale pour le deuxième.
Cette belle dégustation fut accompagnée d’une terrine maison de poissons blancs et d’herbes et d’une mousse de saumon. Nous avons terminé la dégustation par une quenelle de chocolat blanc fourrée aux fruits rouges d’une remarquable onctuosité.
Jean-Luc Lossignol
Mardi 7 mars 2023 : Irouléguy (blanc et rouge)
« Vignoble du bout du monde », « plus petit vignoble de France », « vin de caractère », « vin à l’image du Pays Basque », … voici quelques termes qui caractérisent bien l’AOP Irouléguy.
Cette AOP est peu connue dans nos contrées, notre dégustation a donc été une belle découverte pour la plupart des participants.
Première surprise, les 3 vins blancs ont été très appréciés, deuxième bonne surprise, la maîtrise du cépage Tannat par les vignerons locaux. Des vins rouges certes vigoureux mais surtout généreux et bien équilibrés.
Les préférences de nos membres: le domaine Bordaxuria (blanc 2020), le domaine Ameztia et sa cuvée Artzaina (rouge 2016), la cuvée Ardan Harri du domaine Xubialdea (blanc 2021) et à nouveau le domaine Bordaxuria pour Cuvée Kixka (rouge 2017).
Les vins blancs ont été accompagnés d’un fromage Basque : l’Ossau-Iraty parsemé de piment d’Espelette. Plat « signature » de la région, l’Axoa (prononciation = Achoa) de veau maison a accompagné la dégustation des vins rouges.
Bernard Vryens
Mardi 7 février 2023 : Bourgogne 1er et Grand Cru
La Bourgogne viticole est un puzzle géologique et humain sans pareil, que le législateur a tenu à reconnaître et à préserver grâce à une hiérarchie claire des appellations, qui permet de se retrouver dans le dédale des différentes communes et des usages ancestraux.
Au premier niveau, les appellations régionales (à noter la récente création de l’AOC Coteaux bourguignons). Les appellations communales ensuite (avec 44 appellations Villages et premier cru). On dénombre 562 premiers crus en Bourgogne. Enfin, les 33 appellations Grand Cru.
Nous sommes donc remontés, du sud au nord, une soixantaine de kilomètres de la belle côte bourguignonne. Et une conclusion s’impose : le classicisme contemporain (pour 7 vins) l’emporte sur la modernité/mode (1 vin a présenté une extraction poussée : pourquoi chercher l’intensité colorante d’un cabernet sauvignon sur un pinot noir délicat ?)
Le tiercé de tête s’établit comme suit. Premiers ex-aequo :
Le Pernand-Vergelesses 1er Cru Île des Vergelesses 2019 de Marius Delarche (nez sur les fruits avec un côté végétal ; en bouche attaque souple qui laisse ensuite la puissance s’exprimer, finale sur des tanins maîtrisés).
Le Corton-Bressande Grand Cru 2019 du domaine Maratray-Dubreuil (encore jeune, mais quelle expression/complexité ! Fruits rouges et noirs, violette, noix de muscade au nez. En bouche, la matière est présente et la finale puissante ; le millésime permet cependant de garder rondeur et fraîcheur).
Troisième : le Vougeot 1er Cru Clos de la Perrière 2018 du domaine Bertagna (nez de fruits rouges, épices (pointe exotique curry, anis) ; en bouche, les fruits rouges se retrouvent à l’attaque, les amandes grillés en milieu et la finale impressionne sur une « puissance soyeuse »).
Notons également la très belle 4ème position du Mercurey 1er Cru Clos l’Evèque 2019 du domaine Belleville qui procurera un énorme plaisir dès maintenant aux amateurs de pinot noir.
Un jambon persillé et une terrine de chicons ont judicieusement accompagné ces vins.
Pascal Riche
Mardi 10 janvier 2023 : Les vins autochtones du Valais
Nous avons découvert des vins peu ou pas connus ce mardi. Nous sommes en effet partis à la découverte des vins autochtones du Valais, ce canton suisse pourtant réputé pour la qualité de ses vins, si difficiles à trouver hors Suisse. Pas moins de 60 cépages y sont cultivés, dont certains sont de purs valaisans.
Cette région propose une grande diversité de vins, grâce à deux éléments typiques du Valais : un climat très ensoleillé (2000 heures d’ensoleillement par an) et une grande diversité de sols due aux bouleversements géologiques, héritage des moraines laissées par le glacier du Rhône.
Le vignoble se situe sur les abrupts flancs des Alpes, le long de la vallée du Rhône, ce qui nécessite un travail manuel, un aménagement des coteaux et un savoir-faire hors pair de la part des vignerons.
Nous avons dégusté 6 vins blancs et 2 vins rouges de cépages purement valaisans.
Un blanc en première place – l’Amigne de Vétroz Grand Cru de la cave du Vieux Moulin tout en délicatesse de fleurs blanches, d’aubépine, d’acacia et un soupçon de résine au nez ; une très grande longueur en queue de paon en bouche, marquée par une grande élégance et un équilibre parfait sur les fleurs blanches et les épices.
Un rouge en seconde place – le Cornalin Viouc de Maurice Zufferey à Sierre, un nez sur les épices, dont le poivre, et les fruits noirs soulignés d’une pointe sauvage de sous-bois ; puis en bouche de beaux tanins équilibrés par une pointe d’acidité reprenant les fruits noirs et les épices et finissant sur une belle longueur. Voilà qui démontre sans ambiguïté que le Valais peut nous offrir de grands vins dans les deux couleurs.
La Petite Arvine du même Maurice Zufferez clôture le trio de tête démontrant la parfaite adéquation de ce cépage avec les terroirs du Valais.
Ces vins ont été accompagnés par des charcuteries anniviardes (une vallée du canton) et quelques fromages.
Véronique Beaudry
Mardi 13 décembre 2022 : Afrique du Sud
Nous avons réalisé un voyage en Afrique du Sud sur le thème de la découverte de différents micro-climats. Nombre d’entre-eux existent grâce à la proximité des chaînes montagneuses. Les vallées et coteaux qu’elles engendrent peuvent considérablement modifier le climat sur quelques centaines de mètres, en limitant le vent ou les précipitations, ou en favorisant l’ensoleillement. L’océan a également une influence prépondérante sur les températures.
Les grands vignerons parviennent à élaborer, grâce aux caractéristiques géologiques, topographiques et climatiques, qui constituent leur terroir viticole, des vins de très haute gamme.
Nous avons dégusté 4 vins blancs et 4 vins rouges de cépages différents.
Le grand vainqueur de la soirée est un vin blanc … ce qui est une surprise pour ce pays.
N° 1 = Domaine Glenwood – cuvée Grand Duc – chardonnay – Franschhoek
(notes de fruits exotiques, de vanille et de beurre, la matière est bien présente, beaucoup d’élégance et de fraicheur ... et quelle longueur !);
N° 2 = Domaine Spier – cuvée 21 Gables – pinotage – Stellenbosch
(fruits noirs et épices bien présents, bouche distinguée avec beaucoup de corps, de générosité et une belle longueur);
N° 3.1 = Domaine Thistle & Weed – cuvée Duwweltjie – chenin – Paarl
(pêche, agrumes, banane, beurre sont les notes principales, belle structure, équilibre idéal, finale sur une belle acidité);
N° 3.2 = Domaine Dorrance – cuvée Ameena – syrah – Swartland
(jolies notes de mûre, myrtille, cassis et épices, ce vin est tout en fraicheur et en élégance;
N° 5.1 = Domaine Bouchard-Finlayson – cuvée Galpin Peak – pinot noir – Walker Bay
(airelle, cerise, fraise, muscade, clou de girofle s’y retouvent aisément, bouche veloutée, ce vin est gouleyant…);
N° 5.2 = Domaine Le Riche – cuvée Reserve – cabernet sauvignon – Stellenbosch
(notes de fruits noirs, d’épices, de cerise, de chocolat et de bois, belle matière en bouche, finale très élégante).
Ces vins ont été accompagnés par du sopbrood (pain au fromage) pour les blancs et par un bobotie pour les rouges. Le tout préparé “maison”.
Didier Beauthier
Mardi 15 novembre 2022 : Le cépage malbec
Le malbec est le cépage principal des vins de Cahors. Très riche en polyphénols, il donne un vin d’une robe très sombre, au point qu’il est ici surnommé « vin noir », et au bouquet de fruits noirs et d’épices (violette, groseille noire, prune, réglisse, poivre noir…). C’est aussi le cépage le plus planté en Argentine !
Il a tendance à être productif et a donc besoin d’une terre maigre pour donner un vin de qualité, ce qui est le cas dans les causses calcaires du Quercy. Il donne aussi d’excellents résultats dans les piémonts andins, région de Mendoza en Argentine, où le sol alluvial et le climat désertique limite la quantité de matière organique du sol, d’où des rendements contenus.
Nous avons apprécié la très belle homogénéité / qualité des vins présentés et, une fois n’est pas coutume, le Nouveau Monde figure avec 3 vins dans les 5 premières places.
Incontestable vainqueur de la soirée, le « Single vineyard – Malbec » 2016 de Salentein (belle structure avec de la finesse et de la fraîcheur, un vin distingué). En deuxième place, 3 ex-aequo :
Le Cèdre 2015 (Cahors) pour sa superbe homogénéité bouche/nez avec de beaux tanins maîtrisés ;
Le « Luyàn de Cuyo – Bramare – Malbec » 2017 de Viña Cobos pour sa fraîcheur en bouche, sa belle acidité et son boisé raffiné ;
Et le « Alta – Malbec » 2017 de Catena Zapata pour ses arômes envoûtants (violette, cerise amarena, eucalyptus, thym, caramel, café,…) qui perdurent en bouche où le boisé, bien qu’encore présent, annonce de belle surprises à qui saura attendre.
En cinquième position, le Clos de Gamot (Cahors) avec sa « Cuvée Centenaire » 2015, un vin tout en délicatesse, à boire dès à présent.
Des terrines de faisan et chevreuil ainsi qu’un saucisson à la bière d’Orval ont accompagné ces vins de fort belle manière.
Pascal Riche
Mardi 18 octobre 2022 : La Provence en rouge
La Provence, son soleil, ses villages, sa nature, ses marchés, ses rosés … et ses grands vins rouges.
Répartie sur trois départements (les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes Maritimes), la production de vins rouges est assez confidentielle. Seuls 9% des vins produits en Provence sont de cette teinte. Contrairement aux vins rosés, la qualité des vins rouges est assez homogène. La « Provence en Rouge » n’a pas à rougir de la comparaison avec certaines grandes AOP françaises !
Les membres ont eu beaucoup de mal à départager les 8 vins mis en dégustation. Cinq références se tiennent dans un mouchoir de poche : l’exceptionnelle cuvée « En-Sol » du Domaine de La Tour du Bon (100% Mourvèdre - élevage en jarre - 2016) mène la danse suivi par le Domaine Tempier et sa Cuvée Lulu (2017), la Cuvée Inspire du Château Routine (2017), le Château Salettes Cuvée Cayenne (2013) et enfin Le Mas Ste Berthe et sa cuvée La Chapelle au rapport Q/P étonnant. Seule petite déception de la soirée : le Château Simone qui, il est vrai, était desservi par un millésime difficile (2018).
Nous avons partagé ces belles bouteilles avec un plat de circonstance : une succulente ratatouille « maison ».
Bernard Vryens
Mardi 10 septembre 2022 : Les vins allemands
A l’occasion de la séance de rentrée du Cercle d’œnologie nous avons parcouru les régions vinicoles allemandes – je devrais dire “appellations” mais cette notion n’existe pas dans la législation allemande. Vaste sujet que nous n’avons qu’effleuré en dégustant cinq blanc et trois rouge de six viticulteurs différents dans les millésimes 2019 et 2020.
Majoritairement monocépage – les assemblages étant très peu fréquents en Allemagne – les vins ont séduit l’assemblée par leur fraîcheur et leur belle structure. Nous avons pu apprécier leur caractère original en rien comparable (ou si peu !) avec leurs équivalents français, ce qui fait leur charme et procure l’envie d’aller fouiner plus avant dans ce vaste champ de belles bouteilles. Manifestement la jeune génération allemande de vignerons, aidée par le changement climatique et la mise en place de la charte VDP reprise en partie par la loi allemande de 2021, a fait d’immenses progrès vers plus de qualité. Ce dont tout amateur de vins doit se réjouir.
Trois vins ont attiré la plupart des suffrages. Par ordre décroissant :
La cuvée Fellbacher Reserve 2019 du domaine Aldinger en région Württemberg, fruits rouges, cerise, notes de café et de tabac légèrement boisé avec une belle qualité des tanins, un 100% pinot noir digne cousin des grands crus de la Côte de Nuits ;
Ensuite la cuvée Innere Leiste 2019 du domaine Am Stein en région Franken, admirable représentant du cépage Silvaner (oui il s’écrit sans “y” en Allemagne !) , nez de pierre à fusil et d’agrumes, une belle acidité en bouche procurant fraîcheur et tension marquée par une belle minéralité, assurément un vin de garde ;
Et enfin la cuvée Niersteiner Pettenthal 2020 du domaine Goerg Gustav Huff en région Rheinhessen, notes de pierre à fusil avec une pointe d’agrumes essentiellement citronnée, quelques épices, un vin frais, minéral et rectiligne, un très beau riesling très qualitatif avec une belle espérance de vieillissement.
En embuscade ont été appréciées la cuvée Rebhuhn 2020 du domaine Aldinger (riesling), l’admirable et précise cuvée Alte Reben2019 du domaine Knab en région Baden (pinot noir) et la cuvée Muschelkalk 2020 du domaine J Neus en région Rheinhessen (chardonnay).
Dans l’assiette pour cette soirée un pâté de lapin au romarin, du filet de saxe et un jambon blanc à l’os légèrement fumé.
Assurément nous repartirons en Allemagne pour y découvrir encore quelques pépites.
Oenologiquement vôtre !
Jean-Luc Lossignol.
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